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Journal de bord
Dimanche 2 décembre, jour #1
Quelque chose me turlupine, les bananes sont loin d’être mures sur leur régime, on a pas d’autres fruits et ça me dérange de passer 20 jours en mer sans pouvoir manger équilibré. Au petit matin je propose d’aller à la recherche de fruits avant de partir et je pars avec Coco. Nous tombons sur Eddy, pour lui c’est plutôt la fin de soirée et il a un bon gros coup de Grog dans le nez. Il a un air de marseillais et un rire communicatif, la mission fruit se transforme en déambulation avec lui et on rigole. On rentre bredouilles, c’est dimanche et ici c’est sacré. Le marché et quelques supermarchés seront ouverts mais pas avant la fin de matinée. Adieu petits fruits exotiques et pommes juteuses « snif ».
Ça y’est on largue les amarres, le port est encore endormi. Pierre nous fait un dernier au revoir depuis le ponton. Le moteur ronronne, Jacky manœuvre Jonathan entre les épaves et les bateaux au mouillage, on se regarde tous avec un petit sourire aux lèvres. Pour moi, un mélange d’excitation, de questionnement sur ce qui nous attend et sur l’immensité qu’on s’apprète à traverser. A la sortie du port, nous hissons la grand voile face à un cargo et c’est parti. Les sensations reviennent. On a plutôt de la chance, il y a du vent dans la passe et déjà une bonne houle mais on la traverse sans encombre puis on vire à l’ouest en passant la pointe sud de San Antao. Cap au large !!
Je me lance dans l’installation du filet pour notre méga stock de bananes : découpage et fixation à l’arrière au dessus de l’annexe. Je jure perché sur le rebord du cockpit à essayer de faire tenir le filet. Les paris sont pris, est-ce qu’elles vont toutes mûrir/pourrir en même temps dans moins d’une semaine ? Dans l’après-midi on a des soucis, le pilote automatique a complètement perdu la boule. Jacky commence a le tripoter, le bateau fait des tours sur lui-même et la mer commence à forcir, ça sent mauvais. Demi tour et cap sur le sud de San Antao, la partie la plus isolée de l’île où l’on voit un petit mouillage abrité sur la carte. 2H au moteur contre le vent et la houle sous le cagnard et les douces vapeurs de gasoil. L’ambiance en prend un coup à bord. Je me sens vaseux, la nuit précédente mon estomac me tordait encore après l’indigestion de vendredi. La digestion à bord c’est clairement mon gros point faible. On jette l’ancre. Jacky semble bien au clair sur la réparation à faire, il y avait du jeu au niveau de la pièce qui relie le pilote et la direction du safran si bien que la tige filetée s’est tordu. Séance de bricolage dans la jupe arrière. PH a déjà enfilé son maillot et il saute à l’eau, il est passionné d’apnée depuis son enfance. Nous prenons tous un bon bain devant le paysage grandiose de San Antao sauf Fred qui n’aime pas le sel et Joël qui a peur des requins. Quel bonheur de se laisser flotter à la surface. Maintenant la panne est réparée et nous pouvons rependre route. Oh hisse !! Plus rien ne nous sépare de la grande bleue.
Avant le coucher du soleil, ça mord et cette fois ci c’est une belle dorade coryphène, un poisson et un cadeau magnifique : merci !! PH lève les filets, il a une méthode en laissant les boyaux pour que le poisson garde sa forme à la découpe. Petit schéma en photo:) On dirait qu’on est réconciliés avec l’océan. Je prépare des patates sautées et on cuit la dorade au beurre avec Jacky. La chair est tellement fine et tendre, c’est un pur délice ! A partir de maintenant pour les quarts de nuit, nous décidons de faire 5 jours à la même heure au lieu de tourner tout les soirs pour ne pas se déphaser. Ce sera une très bonne idée. Je commence avec le 2e quart avec Fred de 1h à 4h du matin. Nous débutons une période sans lune, la nuit est d’encre. Je retrouve mes amies les étoiles filantes, bons vœux et contemplation.
Lundi 3 décembre, jour #2
La mer est bonne, la houle espacée et pas trop haute, le vent au ¾ arrière. C’est tranquille à bord, mon corps me rappelle à nouveau que la mer n’est pas vraiment mon milieu naturel. Ma digestion est très ralentie et cela me coupe l’appétit. Je cogite : que manger pour accélérer la descente ?
Jacky fait un très bon gâteau au manioc.
Le gâteau au manioc : du manioc cuit à la vapeur ou râpé, farine, œuf, sucre, un peu de beurre et au four. Ça caramélise sur le dessus. Le manioc cuit fait un peu penser à la châtaigne en goût et en consistance.
Le soir je suis KO et le quart me semble interminable. Je pense à toi à chaque instant, quelle bêtise d’être aussi loin de tes bras et de ton sourire.
Mardi 4 décembre, jour #3
La mer est toujours aussi favorable. Nous croisons des bouteilles et bidons plastiques à la surface. En fait on n’en voit très peu, des gros objets qui flottent, il paraît que la pollution est moins visible et que le plastique se décompose en petits morceaux qui sont mangés par les poissons. Nous filons à un bon 6 nœuds. Jacky hésite sur la voilure « si je fais confiance à la météo, on devrait laisser toutes voiles dehors la nuit mais je n’y arrive pas » . Le quart est plus joyeux, j’écoute longuement la playlist d’Irina en regardant les étoiles. Je découvre des nouvelles facettes de toi à travers ces morceaux. Je m’amuse à enregistrer l’ambiance de Jonathan avec mon micro : grincements, vagues, coulis de l’eau sur la coque.
Mercredi 5 décembre, jour #4
Aujourd’hui on jette beaucoup de nourriture et ça me met en colère. Des achats fait avant mon arrivée aux Canaries ont été mal stockés. Je disserte dans ma tête sur la bonne gestion de notre stock et j’écris cela pendant le quart suivant. La journée je me plonge dans le roman « Le Cheval Blanc » d’Elsa Triolet, je suis à Paris, dans le sud , dans les années folles et je dévore l’histoire de Michel Vigaud. L’après-midi je fais un méga pain perdu et j’ai l’impression d’avoir 5 ans, c’est bon avec le sucre caramélisé ! J’ai glissé l’idée de purée pommes de terre + patate douce à Joël pour le repas du soir, ça passe bien. Le temps se dilue petit à petit et nous avançons vague après vague. Le quart de nuit est gai avec Fred, je mets un maxi tas de lentilles à tremper pour demain.
Jeudi 6 décembre, jour #5
Nous jouons à cache-cache grains dans l’immensité de l’océan et du ciel bleu. Les gros nuages traversent d’horizon à horizon en nous défiant de leur gris sombre et métallique. Pleuvra ? Pleuvra pas ? Les longs moments à la barre sont propices à laisser mes pensées vagabonder. J’énumère déjà les appels que je passerai à la Martinique, vos voix me manquent.
Breaking news : c’est mon jour de douche ! 2 petits litres d’eau douce qui dégoulinent sur mes cheveux et sur mon corps pour rincer le sel qui imprègne tout.
PH se lance dans la préparation de chouquettes et d’une crème pâtissière, question farine on est blindés. Ouhh que ça sent bon ! Je tourne les dernières pages du Cheval Blanc, précipitées dans la guerre, ce dernier chapitre me met une belle claque, les mots résonnent devant moi à la barre.
Retour à la réalité de notre cuisine exiguë et ces sursauts chaotiques. Nous buvons un verre de rhum pour trinquer au quart de la traversée, un chiffre symbolique auquel nos esprits se raccrochent. Je cuisine les lentilles avec des carottes, petits oignons et du jambon espagnol. On se régale et on s’explose le ventre avec les chouquettes en dessert, extase !
La cuisine à bord : (dessin cuisine) c’est tout une histoire, nous avons 2 feux un petit et un grand, ils sont malheureusement fort serrés pour pouvoir mettre plusieurs poêles ou casseroles en même temps. Une espèce de pièce métallique à fixer sur la grille de la gazinière pour éviter les chutes, ça ne marche que d’un coté. A gauche et à droite, petit espace instable, en mettant des torchons sous les ustensiles ça tient bon, en face un évier avec un bac où il est possible de mettre poêles et casseroles chaudes en stand by. Il y a un sabord qu’on peut ouvrir pour ne pas surchauffer, la découpe des ingrédients se fait plutôt dans le carré en haut pour être à l’aise. Les plats les plus basiques deviennent un petit défi ici.
Vendredi 7 décembre, jour #6
Dernier quart de nuit avec Fred, j’écris.
La journée se déroule en musique, j’apprends la chanson « Saudade » de Césaria Evora, elle est écrite en créole portugais, c’est beau, simple et doux. PH fait notre premier pain en mer, dans l’équipe il est souvent à l’initiative. Je ne sais pas d’où viennent ces graines à l’intérieur des hommes, ces impulsions que certains ont et d’autres pas. Je commence un nouveau livre que me prête Robin « Voyage à motocyclette » d’Ernesto Guevara écrit alors qu’il a la vingtaine et qu’il entreprend la traversée de l’Amérique du Sud à moto et en stop avec son camarade Alberto. Il y a eu une adaptation au cinéma il y a de ça une dizaine d’année, j’avais adoré ce film.
Premier quart de nuit avec Robin. Les étoiles filantes marquent les minutes. Je me dis qu’elles sont toujours là et qu’elle attende juste que l’on se plonge dans le noir pour nous apparaître. Cette nuit le ciel n’est pas vraiment plus profond et plus intensément noir que les autres nuits mais il me donne avec l’océan la forte sensation d’être un minuscule grain de sable perdu dans l’infini.
Samedi 8 décembre, jour #7
Aujourd’hui la pétole est à nos trousses (ce joli mot du vocabulaire marin veut dire qu’il n’y a plus de vent). Celui ci est changeant, irrégulier, quelques grains passent tranquillement autour de nous sans nous mouiller. L’après-midi Jacky pousse une grosse gueulante, la vaisselle traîne, le carré accumule les miettes de pain et restes de tabac. Pour améliorer la situation j’ai la brillante idée de faire une nouvelle miche de pain.
1er essai : 450g de Farine, 150 mL d’eau, une grosse cuiller a café de levure, une pincée de sel, une chtouille d’huile d’olive.
- activer la levure dans un peu d’eau tiédie
- former la pâte et la pétrir
- intégrer la levure
- laisser monter à l’abri sous un torchon humide
- pétrir à nouveau en étirant bien la pâte
- mettre un peu d’huile d’olive et de farine sur le dessus et enfourner dans le four bien chaud pour 45 min à 1h
Elle est bien bonne par contre pour 7 ce n’est pas assez gros, 1kg de farine pour 500mL d’eau et 2 cuillers à soupe de levure cela donne un pain de bonne taille.
Le soir on se fait des bananes flambées.
J’aime le quart avec Robin. Cette fois ci je mets des pois-chiches à tremper. On discute de son Erasmus, on se projette en Martinique, au Mexique, en Colombie. Le feu de mat fonctionne à nouveau, il est parfait car il ne masque pas trop les étoiles. Pour la première fois, nous observons la croix du sud à l’horizon. Dessin des constellations pour se repérer Nous finissons le quart sous le clair de Vénus sur la mer. Le plancton scintille dans notre traînée. J’ai hâte d’entendre ta voix.
Dimanche 9 décembre, jour #8
Grosse pensée pour Polo c’est son anniversaire aujourd’hui, happpppy birthday !! Le vent revient peu à peu pour nous sortir de la pétole. Le temps se dilue. J’aide Robin à faire le pain et je créé un couscous avec les moyens du bord : oignons, carottes, patates douces, curcuma, semoule et pois-chiches. Joël agrémente le repas d’un super gâteau à la banane tous les moyens sont beau pour écouler le stock ^^, encore une fois on se fait exploser le bide. Pendant le quart je m’amuse a imaginer des bouts de vidéo à tourner sur le bateau.
Dimanche 10 décembre, jour #9
C’est mon tour de souffler mes bougies ! Je pense beaucoup à vous, je sais que vous êtes avec moi. Nous sommes quasiment au milieu de l’océan, difficile de s’en rendre compte. Nous évoluons dans notre morceau de mer visible de quelques dizaines de kilomètres autour du bateau. C’est notre bocal quotidien au milieu de cette immensité. La journée file vite, inconsciemment j’attends une forme de cérémoniel autour de mon anniversaire, en fait même plutôt juste d’être surpris par quelque-chose, quelque soit la forme que cela prend. Nous trinquons, Joël fait un très bon sablé banane mais étrangement il n’est pas déclaré comme gâteau d’anniversaire par l’équipage. Je dois être un peu trop tradi dans l’âme, je finis par planter une allumette sur des gaufres Rita pour souffler ma bougie tout de même faut pas déconner !
Note à moi-même : donne toujours de la valeur aux petites attentions que tu peux faire aux autres.
Le quart de nuit est laborieux, Jacky perd l’équilibre et nous nous donnons un coup de boule magistral, nous restons sonnés un bon moment.
Mardi 11 décembre, jour #10
Ce matin je suis clairement vaseux. Ma forme est en complet décalage avec nos conditions de navigation qui s’améliorent encore grandement. Le ciel est bleu, la mer offre de beaux reflets turquoises. Le vent nous pousse bon train dans une houle régulière. J’ai toujours des difficultés à chier suffisamment, pour dire les choses crûment. Je mange avec appétit, je ne ressens aucun mal de mer mais les journées s’écoulent sans que cela ne vienne. J’impute ce ralentissement au changement d’environnement et surtout au changement de régime. Moi qui suis habituellement un grand consommateur de fruits et de légumes (alors il y a 20 ans, je connais quelqu’un qui n’aurait pas parié un clou sur moi quand je restais des heures dégoûté devant deux haricots vert se battant en duel dans mon assiette), la cuisine sur le bateau est riche en féculents, en gras mais pauvre en fibres. Je me rabats sur la consommation de café soluble trouvé a Mindelo avec Coco, le mot café est un peu exagéré, c’est un mélange « Café et céréale » au goût insipide. Nous n’avons plus de cafetière depuis que son filtre s’est mystérieusement fait la malle peu après notre départ des Canaries mais je me dis que si je trouve du vrai café je pourrai toujours le faire à la Turque (en gros verser directement de l’eau bouillante sur du café moulu et attendre que la marc tombe au fond). D’après l’oracle de Jacky sur un hypothétique paquet de café survivant, je fouille les placards de la coque tribord, qui contenaient à mon sens tous des fringues, à la recherche de café. Je finis par trouver le fameux placard qui contient bien un paquet de café et qui contient aussi un autre met qui me fait l’effet d’une révélation divine : de la soupe en brique ! A la courge, aux petits légumes du potager, sagement rangées devant mes yeux ébahis. Je m’en enfile directement un demi litre. Qui du café ou de la sousoupe a le plus joué, je n’en sais rien mais c’est ainsi que je fus libéré !
Follement revigoré et le cœur léger après cet épisode heureux, j’entreprends de filmer de petites scènes avec PH et Robin : la radio et la douche (qui consiste à me lancer des sauts d’eau de mer sur le pont). Et puis, mouillé pour mouillé après le tournage j’enchaîne avec une vrai douche d’eau douce. Nous utilisons pour cela un pulvérisateur de jardin qui nous permet d’utiliser très peu d’eau et de suivre notre consommation grâce aux graduations. Ma 2e douche, sur le pont au bord du filet, le cul nul face à l’océan Atlantique, indifférent et complice à la fois de ce moment d’extrême liberté savonneuse. Nous sommes à la moitié de notre traversée, 1000 milles derrière nous depuis le quai de Mindelo, 1000 milles devant nous jusqu’au Ty punch(s) de Martinique. La soirée s’écoule à jouer au cartes et à déguster une conserve de chili con carne.
Mercredi 12 décembre, jour #11
C’est notre dernier tour de quart avec Robin. Nous discutons longuement, de sa lecture du Cheval Blanc que je lui ai prêté, de sa vie d’avant et de sciences politiques. A Rouen, il fréquentait les bancs de la fac de philosophie et humanités, dans des bâtiments des années 70. J’apprécie toujours autant sa compagnie, il dégage une grande sérénité mélangée au plus beau des liants : les rêves d’ailleurs qui illumine son regard quand il parle d’horizons futurs. Mon sommeil est léger et malmené par le moteur que nous faisons tourner régulièrement pour éviter la décharge complète de nos batteries (très importantes pour le fonctionnement des instruments et des moyens de communication). Environs 50 cm séparent notre matelas dudit moteur qui diffuse un agréable mix de vibrations, de chaleur moite et de vapeurs de gasoil dans la couchette. Les paris vont bon train sur les jours de navigation restants tandis que nous avançons invariablement dans une reproduction exacte de la journée de la veille. Ciel bleu, mer bleue et belle houle le matin. Soleil de plomb, casse-croûte puis nuages qui moutonnent et nous accompagnent l’après-midi. C’est un lieu vraiment étrange que le grand large. Nous sommes ici et nulle part à la fois. Ici en un point abstrait avec ses coordonnées géographiques, abstraction humaine et rationnelle, et nulle part à la surface d’un immense tapis roulant, tout le temps semblable à lui même et changeant à chaque instant au rythme de la vague qui naît, passe et meurt, unique et déjà disparue.
Fred est devenu maître boulanger du bord, depuis 2 jours il est pris d’une production industrielle de pains et de miches, on se régale. Le principal débat de la journée porte sur le nom à donner à de petites miches fourrées avec des carrés de chocolat. « Pain au chocolat » suscite immédiatement l’indignation générale française (nostalgie des viennoiseries à pâte feuilletée dégoulinante de beurre oblige) et l’incompréhension helvète. Je propose « Déjeunette », PH « Pains fourrés au chocolat ». Fred éclate « Vous vous foutez de moi les gars, c’est du pareil au même ! »
Le soir, apéro ! nous trinquons au changement de quart (bon en fait toutes les occasions sont bonnes pour trinquer alors on essaye d’être imaginatifs pour se donner des motifs). L’ambiance est au beau fixe. Je me sens content aussi de la relation avec Joël, je trouve qu’elle a beaucoup changé depuis la dispute de Mindelo. Depuis notre départ du Cap-Vert, j’ai l’impression que nous nous répartissons beaucoup mieux les tâches dans l’équipage et je ressens aussi plus de complicité avec Joël, on déconne plus facilement, je le trouve drôle, cela me fait plaisir et j’espère qu’à lui aussi. PH et moi prenons le premier quart de 22h à 1h du matin (c’est aussi celui qui va avec la vaisselle du soir, ô joie!) et la relève au lever du soleil à 7h du matin. Les quarts sont un moment un peu à part, nous sommes deux par deux en tête à tête et les discussions sont plus profondes et personnelles que la journée où on déconne beaucoup. PH me parle de sa vision du voyage, je me sens proche de son point de vue. Il a été à l’initiative du projet de tour du monde en stop qu’il entreprend avec Coco et cela se sent dans sa façon d’en parler. Expérimenter la liberté, rencontrer sa vérité. Il me parle de ses années d’études en biochimie et en ingénierie à Pornichet au bord de l’eau. Avant de partir, son grand-oncle, qu’il décrit comme touche à tout, voyageur et créateur insatiable lui a dit « Tu vas chercher ta vérité ».
Jeudi 13 décembre, jour #12
Le petit matin arrive à tâtons, le soleil se lève à travers une langue de nuage à l’horizon. Mes premières pensées vont à Mamie Renée qui fête son anniversaire aujourd’hui. Pas de téléphone, pas de textos à bord mais de douces pensées que je lance dans l’air en direction du nord-est. L’ambiance du bord est molle dans la journée. Chacun semble replié sur un mélange d’impatience d’arriver et de résignation devant le rythme implacable de Jonathan. Nous pensons qu’il reste sûrement dans les 5 à 6 jours de mer (en fait il en reste 8 mais il ne vaut mieux pas qu’on le sache ^^). J’aide Jacky dans une tentative d’installer le logiciel de cartographie marine « OpenCPN » sur son smartphone. Il aimerait l’avoir dessus en plus de son PC, au cas où il tomberait en rade. Le câble de connexion est moisi, nous galérons franchement à transférer les fichiers et il jure sur les deux appareils. Malgré la morosité ambiante, je me sens d’humeur joviale et je décide d’enregistrer une visite guidée du bateau à l’attention de Jeanne et de ses élèves. Je n’ai pas encore eu de contact avec la classe mais c’est prévu à partir de janvier. Les conditions sont idéales : beau ciel, belle mer, vivante juste ce qu’il faut. J’ai avec moi un mini micro cravate qui s’avère un excellent choix pour capter les sons du bateau tout en restant bien audible. L’équipage se ressaisi dans la soirée, les blagues reviennent, Jacky pousse la chansonnette. Robin, Joël et moi discutons de la lecture d’un essai amené par Robin « Bâtir la civilisation du temps libéré » d’André Gorz. En gros ce que j’ai compris de cet essai c’est l’idée que notre société, grâce à la technique et aux machines, nous a permis de dégager beaucoup de temps libre. Temps que nous n’avions pas quand il fallait passer sa vie au champ pour faire à manger. Ce temps libre nous pose de gros défis : comment en profiter ? Comment répartir le travail restant et simplement comment répartir équitablement ce gain entre tous ? Nous touchons quelques éléments assez précis dans nos visions respectives mais je garde un sentiment d’incompréhension, notamment entre Joël et moi. Parfois les mots peinent à transmettre les idées. Je sens nettement que Joël ne parvient pas à comprendre le sens que je veux donner à mon propos et je me doute bien que pareillement je passe à coté du sens de ses explications. De toute façon nous avons fini d’éplucher les patates, nos dernières en stock, on va se mettre d’accord sur une grosse purée. Le quart de nuit qui suit est un spectacle exceptionnel. La lune se couche rapidement, elle a une forme de sourire ou de banane (miiiamm les bananes) qui m’amuse depuis 2, 3 soirs. En France, on a l’habitude des croissants de lune éclairés par le coté. Sous cette latitude, c’est par en bas et cela donne quelque chose comme ça : dessin lune . Une fois cette veilleuse éteinte, le ciel devient de plus en plus noir et révèle une quantité étourdissante d’étoiles. Orion, Cassiopée, la Grande Ours, la Croix du Sud, ces constellations qui nous accompagnent chaque nuit viennent se fondre dans la masse des étoiles et des galaxies plus lointaines si bien qu’il n’y a plus vraiment quelque constellation que ce soit, juste l’espace qui me saute au visage. Je reste 3h allongé sous la baume, à vagabonder la tête renversée, captif. Pendant la transat, les étoiles filantes deviennent presque une habitude, on en voit toujours quelques unes chaque nuit pour nous appeler de bons vœux. Ce soir c’est une averse, je n’en ai jamais contemplé autant, il y en a eu pour tout le monde et plusieurs tournées.
Vendredi 14 décembre, jour #13
Le jour se lève dans la même ouate qu’hier. Ce matin les nuages persistent, la mer prend des teintes métalliques. Je prends la barre à la main car le pilote automatique peine à tenir le bon cap. Ça lui arrive avec la houle et quand le vent vient pile de l’arrière et nous force à naviguer à la limite de l’empannage (tiens encore un mot de voile incompréhensible).
Instant technique : l’empannage, c’est quand le vent passe d’un bord à l’autre du bateau par l’arrière. La grand voile qui est gonflée par l’arrière est alors en équilibre instable et peut à tout moment basculer du coté opposé avec violence. Il ne vaut mieux pas être sur son passage à ce moment et cela peut infliger des dégâts à la voile et au bateau. En naviguant avec les vents majoritairement dans le dos, ce qui est le cas des Alizés (c’est pas ma faute) pendant la transat, cette situation de navigation à la limite de l’empannage est très courante.
Les nuages font plaisir car le soleil commence à cogner sec. Les poissons volants déguerpissent au passage de Jonathan, cela attire un fou de bassan qui capte très vite le manège et en profite pour se mettre en chasse. C’est un ado, sur son dos et sur son ventre, son futur plumage blanc livre bataille à son duvet marron-gris d’oisillon. Il vole avec une élégance remarquable, plane, suspend son élan et plonge en flèche sur le poisson. Il est là, seul à presque 1000km de toute terre, en fait c’est sa maison ici. J’ai un faible pour les fous de bassan depuis que j’ai habité à Perros-Guirec en bord de mer. J’étais alors leur voisin et depuis la plage je les voyais au loin changer la couleur de l’île Rouzic à la nidification du printemps puis à leur départ en migration à la fin de l’été. Il restera une bonne heure avec moi jusqu’à ce que le soleil chasse les reflets de métal et nous rende à l’ambiance tropicale.
Nous entrons dans la mer des sargasses, c’est une zone particulière de l’Atlantique que l’on reconnaît aux nombreuses algues qui viennent peupler la surface de l’océan. Elle dessinent des formes en tout genre autour du bateau. PH nous explique que ces algues prolifèrent plus qu’à l’habitude ces dernières années et que ça pose les mêmes problèmes d’asphyxie et de gaz dans les caraïbes que les algues vertes sur les plages bretonnes. L’après-midi, nous avons à nouveau de la visite, un très gros dauphin, ou un globicéphale on est pas trop sûrs vient surfer dans les vagues et tourne autour de Jonathan. Nous nous mettons en mission capitaine Cousteau avec PH pour filmer des images. Le soir je lance une partie d’amnésia, le jeu où chacun porte une carte avec le nom d’un personnage sur sa tête et doit deviner qui il est. Les grains menacent à nouveau, nous affalons la grand voile.
Samedi 15 décembre, jour #14
Aie aie aie, le vent tombe nous avançons uniquement avec le génois à l’avant et notre vitesse en prend un sacré coup. L’après-midi nous initions le mouvement avec PH pour se baigner, quitte à faire du sur place, autant en profiter ! Nous enroulons complètement le génois, le bateau ralenti encore, à peine porté par le courant. Nous enfilons maillot, palmes et lunettes. « 15 minutes maxi les gars, après vous servez de rapala ! » Splaassh ! Les sons se taisent tout est d’un bleu intense et silencieux, sous nos pieds rien que ce bleu sur 5000m de profondeur. Je nage vers l’étrave de Jonathan (le bout à l’avant de la coque). PH filme sous l’eau avec sa GoPro. Soudain il s’arrête et agite ses bras derrière lui « J’ai un poisson dans le dos ! » Un poisson-pilote (les mêmes qui squattent sur les requins, mmmmhmm rassurant) accroché à la coque de Jonathan n’a pas pu résister devant ce nouveau support. Il a fondu sur PH pour venir se ventouser dans son dos. Vu le peu de douches que nous prenons il doit y avoir de quoi manger. Nous éclatons de rire et PH se débarrasse de son nouveau copain un peu trop collant. Coco plonge à son tour puis Joël vient faire trempette. De l’extérieur, Jonathan a vraiment l’air d’une coque de noix. Notre fière soucoupe est un minuscule havre de vie au milieu de l’océan dans lequel nous ne survivrions pas bien longtemps. Je contemple la surface de l’océan par le dessous, la danse des rayons de soleil qui le pénètrent est grandiose. Jacky bat déjà le rappel. Je passe le reste de la journée avec cette douce sensation de détente que me procurent toujours les bains d’eau salée.
Dimanche 16 décembre, jour #15
Le moral est dans les chaussettes. Enfin nous n’avons pas de chaussettes bien sûr, il fait bien trop beau pour ça, mais si nous en avions il serait tout au fond. La nuit les grains se sont enchaînés, nous réduisons à chaque fois la voilure, puis entre eux le vent est mou et ne donne pas suffisamment de travers pour tirer parti de notre grand voile et de notre génois. Ils sont trop lourds pour tenir en forme dans ces conditions. Patience, patience. Toute la journée nous avançons péniblement à 4 nœuds et c’est parti pour durer. La Martinique semble reculer au fur et à mesure que nous avançons. « Ça fait 2 jours qu’il nous reste 4 jours nan ?! ». Je tue le temps en lisant un bouquin de PH qui retrace l’histoire de l’humanité « La grande histoire du monde » de François Reynaert. Derrière le titre bien pompeux, la plume est super agréable à lire. Toutes les régions du monde sont abordées à la suite et comparativement. La Chine, le Japon, le Moyen Orien, l’Afrique, l’histoire des natifs des Amériques et d’Océanie. L’angle de vue est très différents de celui des cours d’histoire de quand j’étais à l’école, centrés sur la France et l’Europe. Ce que je vais dire est très bateau mais tellement vrai : l’histoire des hommes semble sans cesse se répéter : d’innombrables monarques, chefs et religieux de tout poil s’étripent les uns après les autres pour le pouvoir, rivalisent de créativité pour le conserver et pour taire les esprits qui divergent de la bonne pensée du moment. Les peuples luttent les uns contre les autres, de temps en temps il y a un petit havre de tolérance qui apparaît. Au milieu de ce gros binz, il y a des gens qui trouvent toujours le moyen de placer en avant la musique, la poésie, l’humour et la curiosité envers la nature et les autres hommes. Je les admire.
Lundi 17 décembre, jour #16
L’océan nous garde toujours jalousement auprès de lui. Nous avançons à pas de souris, ballottés par la houle. Chaque vague qui nous rejoint et nous dépasse semble nous narguer « J’arriverai avant toi au rivage ». Jacky me parle de la fermentation VS la stérilisation pour conserver des légumes, ça me donne envie de creuser sur internet en retournant à la civilisation.
Vers midi, les deux moulinets des cannes crissent soudainement. Encore des algues ? (oui depuis que nous sommes dans les sargasses, c’est notre prise la plus régulière et en fait nous n’avons pas pêché depuis la dorade remontée au large de San Antao). Non, cette fois-ci nous voyons deux grosses dorades coryphènes bondir hors de l’eau au bout des lignes. Elles sont énormes, un bon mètre chacune. Jacky travaille à la ligne de tribord et Joël a la ligne de bâbord pour les fatiguer et les ramener vers le bateau. La 1ère ligne casse au bout de quelques minutes, la 2e dorade a moins de chance et Joël parvient à la remonter auprès du bateau et grâce a PH de l’attraper et de l’amener au cockpit. Elle a des couleurs magnifiques : des reflets bleus, turquoises et dorés. Elle est effectivement beaucoup plus grande que notre dernière prise et l’épuisette a volé en éclat. Il faut l’achever maintenant en atteignant son cerveau au couteau. Nous la tenons et PH lui porte le coup. Elle se débat encore de longues secondes. Joël est très content de cette magnifique prise et il souhaite prendre une photo avec la dorade en la soulevant par la queue. Elle convulse encore en crachant du sang, cette scène me met très mal à l’aise. La dorade finit par s’immobiliser. Je ne sais pas trop quoi penser, je comprends la joie de Joël car nous attendions de pêcher depuis bien longtemps et c’était réellement une prise difficile. La mise à mort est aussi normale, à partir du moment où nous mettons une ligne à l’eau c’est bien que nous souhaitons pêcher quelque chose et nous n’avons pas ménagé nos effort pour lui donner une mort rapide. J’ai l’impression que je suis plus sensible que je le pensais sur la manière de considérer le poisson. Quand il est pris, je le vois comme un cadeau qui mérite d’être tué dignement et d’être cuisiné avec amour (pour ça pas de problème ^^). L’après-midi nous avons encore parlé de la question de la mort des animaux, les différences de point de vue entre les plus jeunes et les plus âgés étaient flagrantes, il y a aussi clairement une vision de notre époque un peu déconnectée des réalités. Une chose est sûre, je pense que tuer un animal par soi-même est une excellente manière de considérer la viande et le poisson à leur juste valeur. En levant les filets, nous regardons avec PH la position précise du cerveau de la dorade. Il y a en fait un bon paquet de chair sur le dessus de la tête, le meilleur endroit où frapper se situe juste au dessus de l’œil. Encore une fois c’est un pur régal et nous en avons pour deux repas à 7.
Mardi 18 décembre, jour #17
Nous sommes les yeux rivés sur la carte à regarder les milles qui descendent petit à petit. La progression est lente car le vent est toujours mal orienté. Le seul événement palpitant de la journée est une séance d’équilibrisme à l’avant du bateau perché sur les épaules de PH pour resserrer une vis sur l’enrouleur du génois. Ça s’annonce bien pour moi, j’ai parié au départ que nous mettrions 18 jours pour traverser. Bon je ne vous cache pas que j’espérais quand même que ce serait moins mais de savants calculs basés sur ce qu’on avait pu faire précédemment entre les Canaries et le Cap-Vert m’avait donné ce résultat. C’est bien parti pour être la prévision gagnante !
Mercredi 19 décembre, jour #18
Là le compteur descend sérieusement, nous passons sous la barre des 100 milles dans l’après-midi, ça se fête ! Ça tombe bien parce que nous avons du surplus de bière et de sangria (la fameuse sangria Don Luis, grand délice incontesté des papilles) Tout doit disparaître. Je me rends compte que je fais certaines actions pour la dernière fois, ça va presque me manquer la vaisselle à l’eau de mer, nan je déconne. L’excitation monte dans l’équipage. De manière générale, je trouve toujours le moyen de chanter, avec ou sans ukulélé, là c’est pire (ceux qui me connaissent savent que j’aime bien chanter et surtout que j’ai un très grand potentiel de progression pour que ce soit juste). Nous attendons avec impatience de voir les premières lumières de la côte qui devraient apparaître dans la nuit.
Jeudi 20 décembre, l’arrivée
Quand je me réveille, je me sens extrêmement excité. La terre doit être clairement en vue maintenant. Le ciel est couvert, de gros nuages floutent encore l’horizon mais on distingue bien la côte. C’est plutôt plat de ce côté de la Martinique et très vert.
Avant la terre ferme, ce sont les réseaux que nous atteignons en premier. Faire coucou, appeler Irina et ma famille, prendre de leur nouvelles, dire que tout va bien, tout cela me fait un bien fou. Ce sont des liens par écrans interposé, bien différents du contact physique. Je pense tout de même qu’ils sont puissants et qu’ils permettent pendant le voyage d’entretenir un lien fort avec tout ceux que j’aime, en échangeant simplement au quotidien.
En approchant encore et en passant sous la pointe sud de l’île, une nouvelle sensation m’atteint avec force, l’odeur des arbres et de la terre. Après ces 18 jours de mer, elle me saute aux narines et je la savoure.
Nous croisons des pêcheurs, et d’autres voiliers, de plus en plus de voiliers autour de nous qui suivent leur route, vont et viennent. Certains étaient sûrement près de nous pendant la traversée, à l’échelle de l’océan, mais pas suffisamment pour les voir ou les capter à la radio. PH est à la barre, il slalome entre les casiers et les filets flottants.
Peu à peu, nous arrivons face au petit port de Sainte Anne à l’entrée de la baie du Marin. Nous allons mouiller ici car le port du Marin est saturé en ce moment de la saison. En s’approchant la mer devient moins profonde plus que quelques mètres, on voit même le fond à travers l’eau. Elle est belle, d’un bleu turquoise et le soleil s’est imposé sur les nuages.
Nous jetons l’ancre, c’est terminé, nous n’en revenons pas. Nous sommes arrivés, au milieu des autres voiliers au mouillage. Il est temps de mettre l’annexe à l’eau.
Épilogue
Comme dirait un certain Jean-François qui se reconnaîtra : « No pain, no gain ». Il faut être honnête traverser l’Atlantique à la voile n’est pas qu’une partie plaisir, et encore je pense que le faire à 7 sur un catamaran c’est plutôt une façon luxueuse.
Passer de longues heures au milieu de nulle part dans un espace réduit, être baloté h24 par une mer qui fait parfois des caprices, rester plus de 15 jours sans vraiment pouvoir se laver.
Tout cela peut vite taper sur le système.
Mais évidemment, les émotions et les joies vécues dépassent largement ces inconvénients
Voici un petit florilège du meilleur … et du pire
Les moments « quelqu’un peut me dire ce que je fous ici ? »
- quand après avoir fraîchement changé de caleçon (parmi les 4 caleçons que tu as pour 18 jours), tu fais pipi par dessus bord et tu oublies la dernière goutte
- quand c’est la panne de vent au beau milieu de l’océan
- quand tu refroidi un moteur à coup de sauts d’eau de mer parce que la pompe est morte
- quand tu viens de t’endormir après ton quart à 4h du matin et que ledit moteur est rallumé juste sous tes fesses parce que les batteries sont tombées à plat
- quand tu dors sur une couchette bien gorgée d’eau de mer car quelqu’un à omis de fermer les hublots derrière lui
- quand tu te rends compte que la drôle d’odeur qui t’incommode provient en fait de tes aisselles
Les moments inoubliables, je recommande :
- déguster un carpaccio de poisson fraîchement pêché
- découvrir les montagnes du Cap-Vert à l’horizon sous le soleil couchant
- le cratère de et la vallée de Paul sur l’île de San Antao
- les marchés de Mindelo
- le petit mouillage de Santo Antao
- Les ciels étoilés des nuits sans lune au milieu de l’océan
- , c’est sympa comme endroit il y a de jolies algues qui flottent et un banc de dorade (je ne garanti pas à 100% que le banc y soit encore)
- faire coucou à des mammifères et des oiseaux marins majestueux dans leur milieu naturel
- et bien sûr les bananes du Cap-Vert
Merci lolo de nous partager ton expérience ! J’ai adoré ! Tu écris vraiment bien, on s’y croirait presque ! Et ça donne tellement envie de repartir ! Bon, moi, la mer, la mer, la mer… bof, même si je pense que ça doit vraiment être une chouette expérience, par contre les rencontres et moments que tu as partagés avec tes coéquipiers, les découvertes de paysages et d’une faune qu’on n’a pas l’habitude de voir, et ce sentiment de liberté, pfiouuuu tout ça, ça donne vraiment envie ! À très bientôt en Amérique ahahah !! Et continue de nous partager tout ça c’est génial ! Des bisous de Lyon !