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Journal de bord, une escale au Cap-Vert.
Mardi 27 Novembre
Je n’en peux plus, j’ai envie d’aller découvrir Mindelo et je me sens terriblement impatient devant l’inertie de l’équipage. On prend souvent un temps fou avant de prendre une décision et de l’appliquer. Déformation professionnelle ^^ ? J’ai aussi hâte d’appeler Irina et mes parents, pour cela il faut régler toutes les démarches d’arrivée, s’installer au port et aller trouver un endroit avec du wi-fi, je sais qu’ils savent que nous sommes arrivés à bon port grâce au tracking GPS sur internet. Je pars avec Fred et Jacky pour rejoindre le port. Nous devons nous renseigner sur l’accueil, trouver la police maritime pour le check-in, trouver où recharger nos bouteilles de gaz, dégoter un rendez vous avec un électricien et dans l’idéal ramener du pain pour le casse-croûte du midi. Surprise, au port les deux employées de l’accueil parlent en français. Nous allons découvrir que les cap-verdiens ont quasi tous quelques mot de français en tête, impressionnant ! Nous sortons et marchons le long de la plage qui encadre la baie abritant le port, j’aime les arbres plantés là les pieds dans l’eau. Le soleil commence à cogner, je me rends compte que le sol tangue sous mes pieds. Nous en rigolions, le mal de terre est bien là, on dirait qu’on a un sérieux coup dans le nez. Je demande notre chemin à un cap-verdien, il nous guide jusqu’aux bureaux de l’immigration et de la police maritime. Très souvent, les gens sont carrément venus avec nous lorsque nous demandions notre route, un premier point commun avec le Brésil, le Cap-vert me fait énormément penser à l’état de Bahia. Les agents sont sérieux mais relax, l’un d’entre eux parle à nouveau parfaitement le français. Commence le remplissage des papiers d’arrivée, nous faisons la dictée à Jacky avec les noms, dates de naissance et références de chaque passeport puis rebelote à l’identique dans le bureau voisin de la police maritime et tcchak les précieux tampons sont apposés pour tout le monde. Bienvenus !
Nous avons encore l’air bourrés avec le mal de terre, nous traversons le marché au poisson et le marché des fruits et légumes, explosion de couleurs et d’odeurs, j’adore ! Il y a du monde dans la rue, de vieilles mercedes et des picks-up, la ville donne cependant des airs de village. Nous nous faisons aborder à de multiples reprises pour des services, de la ganja, ou les deux. Le ton est toujours jovial. Nous tirons nos premiers escudos (1€ = 100 escudos) Césaria Evora prette son visage au billet de 2000, quelle belle façon d’illustrer la monnaie. Je trouve l’usine du gaz au bout du port, les ouvriers nous confirment on peut revenir recharger directement nos bouteilles avec eux. La femme qui tient le local technique du port est très sèche, revenez pour un technicien quand vous serez entrés au port. Devant le ponton des annexes, nous sympathisons avec Charlotte. Elle vient de Berlin et vient d’atterrir à Mindelo dans le but de traverser en bateau stop. Un large sourire et des yeux qui ont soif d’aventure, malheureusement nos sommes déjà plus de bonhommes que de couchettes sur Jonathan. Nous ramenons deux gros jerricans de carburant pour permettre à Jonathan de redémarrer vers le port, on était vraiment à sec. Dernière corvée de sauts refroidisseurs pour rejoindre la station essence avec le voilier, ça ne va pas nous manquer ! Le plein est long sous le cagnard, je rêve d’une douche. Nous nous faisons attribuer une place au ponton, puis Jacky veut absolument que nous retournions rechercher les bouteilles de gaz grrr. Nous retournons en ville et ramenons les bouteilles et c’est la délivrance de la douche, l’eau est rationnée dans le port mais c’est si bon de se décrasser, un pur délice. Je suis frais et je peux m’asseoir au bar faisant face aux bateaux pour enfin entendre ta voix.
Le soir nous sortons tous ensemble bien décidé à dégoter un bon resto local, nous déambulons et tombons surtout sur des restaurants à touristes. La mythique inertie de l’équipage est à l’œuvre, Fred s’impatiente « Décidez vous les français ! ». Nous retombons sur Johnny que nous avions croisé l’après-midi chargé comme des baudets avec les bouteilles de gaz. Il voulait absolument nous échanger de l’herbe contre du shit, les gens n’en produise pas beaucoup par ici et c’est plus rare à trouver. Rastaman (je ne connais pas son vrai prénom mais tout le monde l’appelait comme cela) veut nous guider aussi, ils nous emmènent dans une petite cantine, on s’explique avec mes bribes de Portugais et leurs bribes de français. Frites, riz, thon grillé à la coriandre et tournée de bière pour tout le monde. On se fait éclater la panse ! Devant le resto nous tombons sur deux globe-trotteurs français Bastien et Samy. Ils ont l’air assez prétentieux et je n’accroche pas du tout avec leur airs de condescendance envers les Cap-verdiens. Avant de partir Johnny nous branche pour un électricien qu’il connaît, rendez-vous demain matin devant le port.
Mercredi 28 Novembre
Une dispute éclate entre Joël et moi. Je trouve qu’il n’a pas suffisamment participé à la vaisselle en ce début de traversée et je décide de lui en parler. Mon point de vue ne lui plaît pas du tout, je suis surpris de sa forte réaction, moi qui pensais amener la chose de manière assez diplomate le résultat est l’exact inverse. L’incident entre nous n’est pas gravissime mais je sens qu’il y a du ressenti. Pas facile de faire tourner un groupe, et encore moins en huit clos. Avec les années passées en colocation, j’essaye toujours de soulever les trucs qui me posent problème le plus tôt possible et surtout de faire comprendre à l’autre que c’est mon avis, qu’on peut évidemment ne pas être d’accord mais que c’est mieux d’en parler plutôt que de ressasser. Pour le coup ce n’était pas malin.
Il y a du boulot au bateau, du ménage notamment parce qu’au bout de 6 jours la crasse ne s’est pas accumulée que sous nos dessous de bras ^^ L’électricien arrive et nous entreprenons avec Jacky de passer en revue l’équipement électrique avec lui. Je joue les interprètes et on parle surtout avec les mains : vérifs des alternateurs, de la sortie des panneaux solaires, du répartiteur et soudure sur les blocs de batteries dont les cosses étaient mal fixées. Jacky a récupéré également une vanne pour régler le gros souci de refroidissement du moteur tribord. Le soucis sur ce moteur c’est que la vanne qui permet de pomper l’eau de mer sous la coque pour le refroidissement est bloquée en position fermée. C’est pour cela que nous devions sans cesse utiliser des sauts depuis le cockpit pour faire une chaîne humaine et assurer le refroidissement chaque fois que nous utilisions le moteur. Le remplacement de la vanne est délicat car le passe coque est vraiment sous le bateau et que nous sommes bien sûr l’eau dans le port. Avec un rouleau de ruban téflon et nos quatre mains nous arrivons à intervertir les vannes sans faire entrer trop d’eau (juste 2 sauts ^^) C’est gagné !! Voilà un sacré problème de réglé.
Je repars me balader en ville avec Coco, j’en profite pour chercher des boules quies. C’est un truc de base pour voyager mais je suis parti sans, je ne dévoilerai pas de nom mais un des équipier ronfle comme une locomotive. La paix sociale en dépend ! Après un supermarché et 3 pharmacies on en trouve et on apprend au passage nos premiers mots de créole Cap-verdien qui est un patois dérivé du Portugais. Tudo Trett = Tudo Bem = tout va bien ! Et Sap ! Qui a l’air de vouloir dire de quelque-chose que c’est cool. Dans l’après-midi, nous rencontrons également Pierre et Jean-Louis. Les deux marins septuagénaires sont de la famille éloignée de PH. Coco et PH ont navigué avec eux en méditerranée pour découvrir la voile avant d’embarquer sur Jonathan. Pierre n’en est pas à sa première transat, il a déjà beaucoup sillonné les océans et nous parle de son grand coup de cœur : les îles Marquises. Je discute cuisine avec lui puis la conversation sur le Cap-Vert. Lors de son dernier passage, il est allé sur l’île de San Antao, elle fait face à San Vincente où se trouve Mindelo et c’est la que se trouvent les montagnes qui nous sont apparues en premier en approchant de l’archipel. Pierre a adoré l’île, sauvage et contrastée et la recommande vivement. J’étais déjà tenté mais là c’est clair j’ai très envie d’y aller. Il y a un ferry qui traverse le matin à 7h30 et qui repart l’après midi à 17h vers Mindelo. Je propose l’idée mais personne ne semble très motivé et j’ai la flemme de motiver les foules. Tant pis j’irai en solo ! Le soir nous sortons à nouveau tous ensemble et nous tombons sur un autre resto un peu planqué dans une espèce de pension kitsch à souhait. Nous découvrons aux dépends de nos estomacs affamés le temps Cap-verdien, les plats arrive bien souvent ¾ d’heure à plus d’une heure après la commande, petit challenge pour nos habitudes de France.
Jeudi 29 novembre – Virée verdoyante à Santo Antao
Bzzzz bzzzz bzzz réveil matinal et à taton pour ne pas déranger l’équipage endormi. Je me rends au Ferry de l’autre coté du port, c’est parti ! Autour de moi il y a beaucoup d’autres touristes et pas mal de locaux. Je profite de la traversée pour prendre le café avec deux Cap-verdiens. J’ai repéré sur la carte un ancien cratère de volcan qui attise ma curiosité. Ils me confirment que c’est un superbe endroit pour randonner, reste à trouver un moyen pas cher de monter car le sommet culmine tout de même à 1200m et des brouettes. Le port de Porto-Novo est tout petit, à peine sorti de la gare maritime une nuée de chauffeurs interpelle les touristes pour proposer des tours en 4×4, je discute avec l’un d’entre eux mais ce n’est clairement pas dans mon budget. Je vais déjà commencer par acheter de quoi faire un petit pique-nique. Je recroise un des passagers du ferry dans la rue, il a look à la Ché Guevara avec sa casquette et ses lunettes de soleil. Un sourire et on discute. Léo vient d’Italie, il veut aussi monter au volcan avec sa petite amie Cynthia, il a déjà un coup d’avance car il vient de trouver un taxi collectif qui propose de monter à un prix défiant toute concurrence, au top pour partager. J’achète quelques fruits et de quoi me faire un sandwich et j’embarque à l’avant avec Fernando. Il a les yeux d’un bleu très intense, il a une petite fille et un petit garçon. On discute de l’île et de mon voyage. La route est entièrement pavée jusqu’au sommet, c’est fou, un grand chantier des années 50 m’explique Fernando. Le pick-up escalade la route pentue, ce versant de la montagne est extrêmement sec, rocailleux, on croise quelques chèvres « cabra » en portugais et oliviers. La saison pluvieuse s’est terminée il y a peu et déjà les aloe vera qui bordent la route sont complètement grillés par le soleil. Nous montons encore, à la sortie d’une courbe l’air se rafraîchit d’un coup. Des maisons apparaissent, des ânes, de petites parcelles de canne à sucre, de l’herbe et même des pins sur la hauteur. Nous arrivons au bord du cratère, il est verdoyant. Je rencontre deux français Perrine et Thomas montés à l’arrière avec Léo et Cynthia, surprise Charlotte de Berlin est aussi dans le pick-up. Nous improvisons une randonnée à 5 vers le cratère, il y a des cultures à l’intérieur on se croirait dans un autre monde.
J’en profite pour faire une petite parenthèse pratique sur OsmAnd : pour me repérer j’utilise cette appli sur mon smartphone Android, elle est simplement géniale. Elle permet d’utiliser les cartes OpenStreetMap en les téléchargeant en local sur le téléphone. Une fois les données enregistrées plus besoin d’accès internet pour naviguer. Je peux par exemple télécharger la carte du Cap-Vert avec un simple accès wi-fi dans un café puis quand je change de pays je supprime et je la remplace par une nouvelle carte. OpenStreetMap est un projet de cartographie libre géré par une communauté présente à travers le monde entier qui renseigne et complète la carte sur internet : ceci abouti à des données variées, étonnamment précises et souvent très bien mises à jour.
Cela ne nous empêche pas de louper le sentier qui permet de sortir de l’autre coté du cratère et on se retrouve à notre point de départ, on se regarde en rigolant OK on fait demi tour. Charlotte nous quitte à cet endroit car elle a dans l’idée de retrouver un taxi pour avancer vers une autre partie de l’île. Nous rebroussons chemin et nous finissons par trouver le petit sentier qui monte à pic vers l’extérieur du cratère, ça grimpe ! Arrivés en haut, la vue est à couper le souffle. La vallée de Paul s’étend devant nous jusqu’à la mer, c’est une explosion de verdure à l’opposé exact du versant aride et rocailleux que nous avons gravi avec Fernando. Mes compagnons vont rester en auberge au bout de la vallée pour la nuit. J’hésite un peu à m’aventurer plus loin car il n’y a plus de route pour retourner directement à Porto Novo ensuite, il faut descendre jusqu’à la mer et faire le grand tour par la route côtière. Allé je tente le coup ! Je ne regrette pas car la descente est grandiose. Partout la végétation s’épanouit, nous croisons de la canne, du café, des bananes, des goyaves et les étranges fruit à pin. Les villages sur la route sont colorés, quasiment tous les gens nous échange des saluts avec le sourire. Perrine, chargée de chantier, et Thomas, responsable du entreprise de location de camions poubelles viennent de Paris. Ils me posent tout un tas de questions sur le voilier et sur la transat puis ils finissent par s’arrêter ils resterons dans ce village pour la nuit. Léo et Cynthia vivent à Amsterdam. Lui vient des Pouilles comme mon ami Andréa et elle hollandaise d’Utrecht. On prend beaucoup de plaisir à marcher, à mitrailler la vallée de photos et goûter de délicieux jus de fruit frais. Vers 14h30 Léo et Cynthia se posent, je dois continuer ma route pour choper le ferry de 17h dommage on était vraiment bien à 3, nous nous échangeons nos Facebook pour partager les belles photo de l’après-midi. Je continue la descente sur la petite route pavée jusqu’à Cidade de Bombas au bord de l’océan, ça fait un bien fou de marcher et de me dépenser après une semaine sur le bateau. Remarque je dis ça mais en fait à bord le corps est sans cesse en train de compenser les mouvements de la mer si bien que c’est parfait se gainer les fesses. Le village est minuscule, je croise deux bonnes sœurs, il y a un petit cimetière hors du temps qui fait face à l’océan. Les vivants ont choisi un sacré spot pour les morts, la vue est imprenable. Je tends le pouce en marchant le long de la route côtière, elle forme un cordon de pavés étroit entre la plage et la montagne. Plusieurs 4×4 comme ceux que j’ai vu au port le matin me dépassent en vrombissant, est ce que je vais rester dormir à San Antao ? Bingo ! Après plusieurs 4×4 pressés le pick-up de Luciano s’arrête. Il me regarde d’un œil dubitatif et me fait signe de la tête de sauter à l’arrière. Ça déménage sur les pavés, je m’agrippe à la carrosserie et je profite du paysage le vent dans les couettes. Après un moment de tape-cul, Luciano s’arrête à un café pour y déposer son camarade. Porto-Novo est à 20 minutes maintenant, laaarge pour le Ferry. Je remonte à l’avant, Luciano est ingénieur, la route devient plus large et asphaltée. Il m’explique que c’est lui qui a dirigé les travaux. Nous traversons plusieurs tunnels et la route coupe littéralement la montagne par endroit, le boulot a du être titanesque. Son équipe et lui ont mis 6 ans à finir le chantier. Nous déroulons le cordon au bord de l’océan à vive allure, il me pose des questions sur mon voyage et sourit. Arrivés au port, je lui propose une cervejinha (petite bière en portugais). Il rigole, hésite mais décline l’invitation, il est attendu, merci Luciano ! Je suis même en avance sur le bateau maintenant, je décide de me faire la petite bière tout de même faut pas déconner. Je ne reste pas seul très longtemps, au bar je rencontre un couple d’allemands de Cologne, elle est étudiante et lui capitaine de ferry sur le Rhin. Ça se transforme en une bière et un petit coup de rouge (du rouge qui pique). Je ressors quelques mots d’allemand oulala ça fait longtemps il est bien rouillé. Ils ont habité aussi à Berlin souvenirs souvenirs ! et ils détestent Munich, je souris, petite pensée pour Lyse. C’est bon maintenant je suis en retard, je redescend quatre à quatre jusqu’au ferry. Sur la traversée du retour je rencontre Boris qui est français et qui va bientôt traverser l’atlantique à la voile également en tant qu’équipier, on s’échange nos numéros.
Le soir c’est la fête, nous sommes bien décidés à aller visiter les bars de Mindelo. Nous rencontrons Rony un Cap-verdien, il est très chaleureux, et très alcoolique aussi. Nous sommes jeudi soir mais ce n’est pas la grosse ambiance, on est un peu dépités il n’y a pas grand monde mais on fini par tomber sur un bar avec un groupe live. Trop de bière, trop de grog ! Le Grog est fait à partir de la canne à sucre comme le rhum, celui qu’on trouve dans les bars me fait surtout penser à de l’alcool à brûler. Le bar ferme et on s’embrouille un peu avec le patron qui cherche à nous arnaquer sur la note ce qui ne nous plaît pas du tout. Il est temps de rentrer au bateau, je suis vanné !
Vendredi 30 Novembre
La journée est un peu moins excitante. On fait tous une grosse grasse mat (étonnant ^^) puis les préparatifs du départ reprennent : nettoyage du pont, méga lessive et passage par la case police maritime pour récupérer les papiers du bateau et tamponner les passeports. Heureusement que Fred et moi y pensons, ils sont fermés le week-end, on était bons pour rester coincé au port jusqu’au lundi autrement. Le soir je suis malade avec la nourriture que j’ai mangé au marché l’après-midi, ça va ce n’est pas une grosse tourista mais je dors très mal avec les crampes d’estomac. Je teste l’huile essentielle d’arbre à thé sur un peu de sucre pour remettre un peu d’ordre les jours qui suivent, ça a bien fonctionné.
Samedi 1er Décembre
On a dans l’idée de partir vers midi. Une fois de plus notre légendaire inertie en décide autrement. On dirait que chacun a peur de prendre les devants et de s’exposer au départ, en même tant nous avons tous l’air impatients de lever l’ancre. Moi je déteste les départs qui flottent comme cela, quand c’est décidé de partir faut y aller ! Je pars avec Jacky dans Mindelo à la recherche de matériel de pêche, ils nous faut des hameçons, des plombs, pour les rapalas on les fera maison. Nous finissons par tomber sur une boutique où nous trouvons notre bonheur et juste en face de délicieux gâteaux secs parfumés à la fleur d’oranger miam miam miam ainsi qu’une description détaillée de la recette de la Cachupa, le plat national Cap-verdien : un ragoût de fèves à la viande ou au poisson. Malheureusement c’était en créole et j’ai à peine pigé la moitié. De retour au bateau, Jacky veut remettre en marche le feu de navigation en haut du mat, Robin était monté à Pasito Blanco mais le feu n’a pas tenu en mer. On a toujours les leds qu’on a acheté à Las Palmas à l’avant mais c’est vrai que ce n’est pas l’idéal. Jacky n’est pas très chaud pour monter et moi j’ai bien envie de le faire. Petit moment de flottement et je me décide. Pour monter nous avons une espèce de balançoire qui s’accroche à la drisse de grand voile, cela ressemble à un baudrier avec des grandes poches en tissu. J’emporte dedans un morceau de miroir brisé, des petits outils et PH me donne la Go-Pro pour filmer la vue en haut. Jacky me hisse, je ne fais vraiment pas le fier, en tenant bien les fesses vers l’arrière la balançoire est quand même bien stable. En prenant appui sur le mat et les haubans j’arrive peu à peu tout en haut. Ce n’est qu’arrivé que j’installe mes jambes autour du mat et que je regarde en bas et aux alentours. Bordel c’est haut ! La vue est ouf, ça balance avec le vent mais moins que je le craignais. Maintenant il faut réparer ce satané feu, avec la drisse en butée j’ai les mains libres pour ôter le capuchon et commencer à trifouiller l’ampoule. Le miroir était indispensable car impossible sinon de voir les cosses et les branchements. Ces dernières avaient sauté, les pattes métalliques qui font la connexion sont vraiment mal serrée, pas évident que ça va tenir, cela ne m’étonne pas que ça se défait facilement. Allumé ?! Eteind ?! Allumé ?! Eteind ?! On rigole en testant le feu, ça fonctionne à nouveau et je peux sortir la Go Pro pour filmer la vue. La descente est moins impressionnante que la montée, Jacky me laisse filer tranquillement avec le winch jusqu’au bon vieux plancher des vaches, façon de parler.
Note de l’auteur : bon finalement la réparation aura tenu 2 nuits en mer et puis ensuite le feu nous a fait des caprices, de temps en temps ils fonctionnait et de temps en temps non.
Les courses de nourriture pour recharger le stock ne sont toujours pas faite. Pour ceux qui me connaisse ce ne sera pas une surprise, j’ai toujours peur de ne pas avoir assez à manger alors évidemment ça me stresse sévère. On se sépare en groupes vers le marché, la boulangerie et le supermarché. Encore une fois totale impro, tout le monde semble vouloir se reposer sur le groupe, personne ne prend les rennes et ça me rend fou. Je pars avec Coco du coté du supermarché et on revient chargés comme des baudets avec des conserves (c’est pas trop la mode au Cap-Vert), des pâtes, du couscous, un tas de trucs qui se conservent et aussi du fromage et des œufs. Fred, Robin et Joël se sont chargés des fruits et légumes au marché. Ils reviennent avec un régime de bananes complet, 50kg on est tous mort de rire en le chargeant sur la bateau. Bon ça leur a fait oublier de prendre tout autre type de fruit, exit les mangues, goyaves et pommes et ils n’ont pris que quelques carottes et 3 concombre comme verdure. On réfléchi un peu, il va nous falloir un filet pour stocker les bananes si on ne veut pas qu’elles pourrissent toutes à grande vitesse. On repart en ville à la chasse au filet avec Coco et Robin. Un magasin, deux magasins, les explications sont cocasses avec les vendeur pour expliquer ce qu’on veut faire. On en profite pour acheter la masse de poulet dans une petite boucherie que j’avais repérée, « eh c’était pas du chien dans le congélo à côté des poulets?! ». Et puis par terre dans la rue qui mène au marché « Un filet là !! » il est super grand. On rigole avec les locaux, le propriétaire du filet sent la bonne affaire et nous le vend pour 10€, on était près à mettre le double pour se débarrasser de nos derniers escudos. Dernière douche au port, on en profite à fond de celle là. Sur le ponton nous retombons sur Pierre, Jean-Louis et leur équipage, ils avaient pris la mer en fin de matinée mais viennent de rentrer au port, ils se sont pris un coup de vent dans la passe entre San Vincente et San Antao leur radar s’est décroché du mat et est venu s’écraser sur le pont. Heureusement personne n’était en dessous, seul le radar est HS. Ça refroidi Jacky d’un coup et il prend la décision de reporter le départ au lendemain matin. J’arrive à parler avec Irina un peu au téléphone mais la connexion wi-fi est désastreuse grrr c’est frustrant. Cela me fait énormément plaisir d’entendre ta voix, même en petit bouts hachés … tu me manques ! La soirée se passe dans une drôle d’ambiance, on est tous déjà partis dans nos têtes.