Regarder l’océan

Je suis allongé sur le banc de bois dans le cockpit du catamaran et je regarde l’océan, c’est la nuit.

Un quartier de lune est ma veilleuse.

Sa lumière diffuse faiblement à travers les nuages d’altitude.

Le feu arrière projette son halo timide sur l’écume qui se forme à l’arrière du voilier.

Le bruit blanc de l’océan emplit l’espace.

Il n’est perturbé que par le ruissellement de l’eau le long des coques, les craquements du mat, lugubres, et les moteurs électriques du pilote automatique qui se réveillent à rythme régulier quand le voilier glisse hors du cap.

Je sens un vent léger sur mon visage, doux, salé.

Mon regard balance au rythme des vagues, elles se répètent mais chacune est différente.

La voile, elle aussi vit dans l’inconstance de l’air qui la fait respirer, tendant tantôt la fibre des cordages jusqu’à lui arracher des claquements secs, tantôt la laissant lâche.

La nuit, la mer et le ciel se mélangent sur l’horizon.

Le voilier donne l’air de voguer à la surface d’une étendue sans fin.

Parfois mes pensées vont vers les étoiles, elles apparaissent furtivement dans un coin de ciel libéré par les nuages.

Parfois elles vont vers le fond, j’imagine cette masse sombre qui se prolonge sur des centaines de mètres sous mon dos.

De temps en temps je relève la tête et je scrute la mer autour du bateau, plissant un peu les yeux pour distinguer quelque chose dans la pénombre.

Un container à la dérive, un autre bateau qui n’aurait pas fait sonner notre détecteur radio.

Il n’y a jamais rien.

Quand la mer est douce et le vent constant c’est la seule chose à faire la nuit.

Parfois j’allonge complètement ma tête sur la planche et je fixe longuement le mat qui dessine des cercles dans les nuages.

Parfois j’écoute Massive Attack et je me fais bercer en laissant vagabonder mon esprit.

Je regarde l’océan.

 

 

 

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