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Pendant notre voyage, j’ai été très impressionné par les voyageuses et les voyageurs qui prennent la route avec très peu d’économies ou qui voyagent carrément les poches vides.
Elles et ils m’inspirent un profond respect car je trouve qu’il faut une sacrée dose de courage pour se lancer comme cela sur la route, vers l’inconnu, sans le sou.
Nous avons croisés beaucoup de globe-trotters qui fonctionnaient comme cela, se finançant avec les moyens du bord en cours de chemin et constamment à l’affût des bons plans pour voyager sans argent.
Je pense que toutes les démarches de voyage ont une beauté en elles.
Que ce soit pour aller faire le tour de monde en stop ou s’embarquer dans un voyage organisé pépère, il y a toujours eu à un moment la petite étincelle de vouloir sortir du terrain connu, de son quotidien et de sa zone de confort.
Mais malheureusement, force est de constater que le voyage est un privilège qui n’est pas très bien réparti.
Dans les auberges de jeunesses, combien de jeunes Allemands, Canadiens, Français, Etats-Uniens, Israéliens ou Japonais, pour combien de jeunes Boliviens, Mexicains, Sénégalais ou Indiens ?
Je me sens admiratif, devant ces femmes et ces hommes qui partent de chez eux, explorer le vaste monde quand bien même leur monnaie et l’économie de leur pays ne leur permet pas de jouer les écureuils et faire des réserves.
Comment se débrouillent ils ?
Julieta, back-packeuse argentine rencontrée en Martinique, voyage en bateau-stop avec sa guitare et chante dans les restaurants touristiques une heure ou deux chaque jour pour financer son voyage.
Sol et Junior, couple de cyclo voyageurs vénézuéliens, sur la route depuis 2 ans et rencontrés à Urcos au Pérou, fabriquent ou revendent des bracelets pour les ados à la sortie des collèges et des lycées sur leur chemin.
Ezequiel, baroudeur Argentin en auto-stop avec sa veste en cuir et ses grosses godasses, jongle avec un bâton enflammé.
Un des hommes avec l’énergie la plus contagieuse que j’ai croisés, nous avons dormi ensemble sur la plage de la ville de Manta en Equateur, en faisant un campement groupé pour se sentir plus sereins.
Devant la tente, il improvise un cours de jonglage :
« Le bâton de feu c’est mon distributeur automatique ! Avant je faisais du hip-hop aux feux rouges mais je m’épuisais pour gagner de quoi avancer. Avec le bâton tu mets le feu et les gens sont attirés, les enfants surtout ! Et en plus c’est vraiment pas compliqué, regardez il y a ce tour, et celui-là, et celui-ci si tu travailles un peu plus. »
Franck, cyclo voyageur colombien, fait durer le voyage en vendant des bracelets qu’il fabrique à partir de cordelettes et de maillons de sa dernière chaîne de vélo usée. Même avec cela son périple s’est écourté faute de moyens arrivé au Pérou.
Lucho et sa compagne, couple de voyageurs argentins, travaillent comme volontaires dans une auberge de Cuenca en Equateur et vendent des empanadas dans les rues touristiques et commerçantes de la ville.
Jenny, voyageuse bulgare rencontrée aux pieds du Machu Picchu fabrique et vend des bijoux pendant que son copain argentin Nahuel chante dans les restos.
Juli et Ayma , couple d’amies argentines au talent énorme, chantent dans les bus de Montevideo et vendent des pâtisseries sur le front de mer.
Un groupe de voyageurs argentins fait un cirque ambulant pour les enfants sur la plage de la Paloma en Uruguay.
Toutes les jongleuses et jongleurs, danseuses et danseurs croisés aux feux rouges.
Ces voyageurs se déplacent en stop, à vélo ou s’arrangent avec les chauffeurs de bus.
Ils dorment en camping sauvage, chez l’habitant ou comme volontaires dans une auberge de jeunesse ou une ferme pour se poser plus de temps quelque part.
Ils récupèrent les invendus des marchés pour cuisiner.
Nous aussi avec nos vélos et nos pouces nous avons expérimenté cette façon de voyager.
Nous avons bivouaqué au maximum dans la tente, nous avons chanté dans des restaurants, à la sortie du métro, nous avons vendu nos cartes postales sur les plages uruguayennes, nous avons travaillé dans un hôtel de Rio contre le logis.
Juste de quoi nous rendre compte de la force et de la persévérance que cela demande.
Cela n’était pas une nécessité pour nous.
Car nous avons toujours eu la sécurité de pouvoir nous offrir des nuits en auberge quand le corps fatigué demandait du repos ou sur un simple coup de tête.
Nous avions aussi nos assurances de santé, qui nous ont permis d’être soignés sans angoisse lorsque nous sommes tombés malades en Equateur, au Pérou et en Uruguay.
Aujourd’hui, quand je croise une voyageuse, un voyageur qui chante, qui danse, qui jongle, qui dessine, qui cuisine, qui fabrique des bijoux, qui amuse les enfants, … je ne me pose plus de questions et je glisse la main dans ma poche pour que l’aventure dure un peu plus longtemps.