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Je suis à la sortie de Barranquilla, le port colombien de la côte caraïbe à la réputation sulfureuse.
Je ne suis pas entré dans le centre-ville à vélo, tous les Colombiens croisés depuis Cartagena me l’ont déconseillé.
A ce moment, je suis fraîchement arrivé en Amérique du sud, je ne sais pas trop à quoi m’attendre et j’écoute leurs conseils.
J’ai mis les chutes de mon t-shirt blanc (mort à la fin de la transatlantique, paix à son âme) sous mon casque pour protéger ma tête et mon cou et ne pas finir la journée avec une insolation.
Je contourne donc la ville par la grande rocade qui traverse ses banlieues.
Je me dis qu’en fait, si ça se trouve, c’est là que la misère est la plus criante.
Je mets deux bonnes heures à suivre cette avenue périphérique au trafic infernal jusqu’à atteindre le grand pont qui enjambe le fleuve Magdalena vers l’est.
De là, on voit toute la ville, gigantesque, les quais et les industries de son port sous le soleil de plomb.
De l’autre coté du pont, c’est le village de Palermo, puis la réserve naturelle de la Ciénaga Grande, une immense zone marécageuse qui débouche sur une fine langue de terre entre la mer et la lagune où passe la route de Santa Marta.
La spécialité de Palermo c’est la coco fraîche, la route est remplie de stands qui en vendent. Les paysans viennent avec leurs pick-ups chargés à ras bord et écoulent les cocos aux gens qui passent en voiture ou en camion.
Je m’arrête devant un pick-up au hasard, ça va être le pied d’avoir des cocos pour mon bivouac de ce soir. Peter est à la machette, il m’en faut juste des fermées pour mettre dans mon filet à l’arrière du vélo. Forcément il me questionne sur d’où je sors comme ça à vélo.
Arrivent 3 jeunes ados sur des BMX, j’ai malheureusement oublié leurs prénoms, qui flashent direct sur le vélo.
Ils me demandent d’où je viens et à leur grande surprise voient que j’arrive à aligner quelques phrases en espagnol.
Sur la côte caraïbe de la Colombie, les gens parlent à toute allure !
Ils sont très curieux de comment on peut voyager avec un vélo.
« Qu’est ce qu’il y a dans tes sacoches ? Tu fais comment pour dormir et manger ? »
On improvise une séance photo avec leurs smartphones et le mien et ils m’accompagnent dans la bonne humeur jusqu’à la sortie du village.
Je suis au sud de Medellín, au cœur de la Colombie, dans la vallée de Riosucio.
La route donne une vue splendide sur les montagnes environnantes, couvertes d’un patchwork de fermes et de plantations de café, vers les 1700m d’altitude.
Il y a quelques maisons qui vendent des fromages fermiers et j’ai la pêche sur mon vélo !(en fait ça se passe le même jour que La maison close)
J’aperçois quatre jeunes garçons sur sur le bord de la route sur leurs BMX, ils ont 10 – 12 ans à tout casser.
En arrivant à leur niveau je fais un coup de mon pouet-pouet en les saluant.
Il n’en faut pas plus pour qu’ils enfourchent leurs vélos pour venir à ma rencontre.
¡Qué chévere!
Felipe est le moins timide avec son T-shirt Adidas bleu, il a sa selle suspendue au dessus de la roue arrière et une plaque d’immatriculation pour faire comme une moto.
Il me bombarde de questions sur le vélo, depuis quand je roule et me demande vers où je vais comme ça.
« Allez les gars on va avec lui ! »
Et on se retrouve tous les cinq à rouler, Felipe veut tout savoir : qu’est ce que j’ai comme affaires pour voyager, combien de vitesses à mon vélo, comment c’est la France.
On roule un bon moment ensemble. Dans les montées, quand je mouline sur mon petit plateau, ils marchent à coté avec les BMX.
En chemin, on s’arrête pour faire des photos ensemble.
On fera presque 10 km comme ça, c’est déjà l’aventure !
Quand on arrive au village suivant, Felipe me dit : « Tu sais on va pas pouvoir te suivre plus loin, après il faut qu’on rentre à la maison »
Alors nous nous arrêtons devant une épicerie qui fait aussi bar, avec des chaises et une table en plastiques devant qui donnent sur la route.
« ¿Qué quieren para tomar? » (« Vous voulez quoi à boire ? »)
Ils choisissent une grande bouteille de soda multi-fruit et moi je demande un verre d’agua panela.
Les adieux arrivent trop vite mais c’est déjà l’heure pour eux de rentrer dans leur village.
« Ciaooo chicos, que les vaya bien »
Des enfants et ados qui m’accompagnent spontanément sur leurs vélos, cela m’est arrivé encore à deux autres reprises dans le pays.
Les jeunes colombiens en BMX ont soif d’aventure on dirait !
Vamos !!!
Cet article fait partie d’une mini-série : La petite voix